L’interculturalité vécue
Apprendre à l’heure de la mondialisation
Pour le linguiste-didacticien soucieux d’un enseignement centré sur la culture et la pratique réelle de la langue, la spécificité de l’ISFATES peut se résumer en peu de mots. D’une part, l’alternance des études entre Metz et Sarrebruck compense l’exterritorialité, défaut propre à la plupart des cours de langues et de civilisation. L’exterritorialité justifie que la langue étrangère peut être apprise dans n’importe quel lieu ; qui plus est, dans des situations qui ne font qu’imiter la réalité. Mais en aucun cas elle ne s’acquiert dans l’aire linguistique oû elle est pratiquée par des êtres en chair et en os.
Il en va tout autrement à l’ISFATES : les étudiants apprennent la langue du partenaire, qu’il s’agisse de l’allemand ou du français, dans le pays partenaire, découvrent le pays et ses habitants in situ. Learning by doing (C’est en forgeant qu’on devient forgeron !) et Training on the job (la formation en situation réelle) : voilà depuis toujours les maîtres mots de notre culture pédagogique.
D’autre part, il n’y a que peu de formations linguistiques qui puissent offrir à leurs apprenants, 24 heures sur 24, un contact verbal et visuel réel avec des locuteurs natifs physiquement présents. Nous, nous leur offrons cette possibilité. Pendant les 4 ans que durent les études, tous nos groupes sont binationaux, composés pour moitié d’Allemands, pour moitié de Français.
Les apprentissages provoquent des découvertes en chaîne : les contenus révèlent une langue, la langue une mentalité, la mentalité une façon d’appréhender le monde. On pourrait tout aussi bien inverser les termes de cette énumération. C’est ainsi que les apprentissages dans un cadre binational élèvent les savoirs et les savoir-faire à la puissance exponentielle d’un savoir-agir global.
Mais, en définitive, ce modèle a une dimension profondément humaine, surtout à une époque oû nous manquons de repères : l’apprentissage de l’altérité déclenche un processus au cours duquel l’individu se révèle à lui-même. On peut approuver sans réserve cette recherche d’identité qui prend des chemins détournés, car – je cite très librement Antoine de Saint-Exupéry – ce qui fait la grandeur d’un métier, c’est qu’il permet à des individus de se rencontrer.
Professeur André Caspar
Directeur des études franco-allemandes et interculturelles
Responsable pédagogique de la 1re année